#3 Changements climatiques | Pact
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Engagement 3

 

Mise en place d’une politique concertée avec les communes du territoire visant l’atteinte de l’exemplarité environnementale, comportant notamment des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre.

Cet article revient sur l'engagement 3 du PACT pour permettre un approfondissement de sa genèse et de ses conséquences.

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Pourquoi cet engagement ?

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Pour rappel, si l’on souhaite rester en dessous des 2°C de réchauffement, il est impératif de diviser par 2 les émissions de Co2 dans la décennie qui vient et ensuite de viser la neutralité carbone pour 2050.

Ceci est un impératif au niveau mondial et les conséquences d’un réchauffement plus important seront sans commune mesure pour l’humanité avec ce qui va tomber sur la tête des habitants des Alpes : la fin du tourisme de masse lié au ski (on peut toujours en discuter mais la science semble être rangée de ce coté)

 

Il faut savoir également que pratiquement aucun territoire, aucune région et ni aucun état n’a pour le moment tenté réellement de faire diminuer ses émissions de Co2. Le monde entier va encore dans la mauvaise direction !

 

Les territoires de montagne ont donc un double impératif à devenir pionner en matière de lutte contre le réchauffement climatique pour tenter l’effet domino cascade et entrainer d’autres territoires dans cette démarche. Sans cela il ne nous reste plus qu’à regarder notre économie faire un beau plongeon dans les décennies qui viennent et « crever » la gueule ouverte.

 

 

Voilà à quoi ressemble le bilan carbone de la Tarentaise (photo de 2013)

Bilan GES TV.png

Et si l’on focalise sur les stations de ski on sait depuis longtemps que les transports clients représentent entre 60 et 70% du bilan carbone avec deux composantes :

- la voiture, la majorité des clients.

- l'avion, la majorité des émissions de co2 pour une clientèle moins nombreuse mais en expansion.

 

Nous pouvons disserter longtemps sur le devenir de la voiture (*cf aparté en fin de mail), mais on voit bien que la part du camembert qu’il faut surtout arrêter de faire grossir aujourd’hui est celle de l’avion. Hors c’est précisément l’inverse que nos stations de ski tentent de faire actuellement avec une monté en gamme (parfois très haut de gamme) des équipements, des logements et des services.

 

Si la seule vision possible d'avenir commerciale pour la CDA c'est un forfait de ski à 100 euros la journées pour les plus riches de la planète, nous allons droit dans le mur écologique. Et de toute façon cela ne semble pas en adéquation avec le système station de ski à la française qui a besoin d’un volume de clientèle important pour la survie économique de tous ses acteurs.

 

 

Il apparaît donc que le deuxième point indispensable à mettre à l’ordre du jour de notre cellule de crise est la lutte contre le réchauffement climatique.

 

Et pour cela nous devons :

- Arrêter de dépenser des ressources (humaines et financières) pour aller chercher des clients fortunés à l'autre bout du monde. Je pense notamment aux commerciaux qui prospectent aux antipodes, aux salons à l’international, aux subventions aux aéroports pour des trajets ski lowcost, et à l’augmentation de la gamme des différents services. Nous devons nous assoir sur cette manne potentielle, de la même façon que la Norvège vient de refuser d’exploiter le pétrole des Lofotens, qui représente la coquette somme de 65 Milliards de Dollars.

- Mettre en place des stratégies permettant de ne pas faire exploser le cout du forfait. Condition préalable pour pouvoir faire venir une clientèle moins riche et plus proche : européenne a minima, française si possible et de la région encore mieux.

- Ré-ouvrir des centres de vacances pour les enfants. Centres de vacances 4 saisons cela va de soit, pas uniquement classe de neige. Pour cela, la région veut bien mettre la main à la poche, allons y gaiment!

- Promouvoir des tarifications type forfait vallée accessible pour les Rhône-alpins, gestes commerciaux si trajets en train. Le prix des forfaits revu à la baisse en période de creux semble être tabou chez la CDA, et pourtant l’expérience du terrain montre que c’est un axe important à travailler. Forfait grand-parents/bambins... Les idées ne manques pas pour la partie commerciale.

- Lancer un chantier de fond (difficile certes, mais nécessaire) avec Sncf, la région et l’état pour maintenir le train, améliorer l'offre de service et permettre un report modal important depuis la voiture vers le rail.

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Encore une fois, bien d’autres choses pourraient être mise en place, mais ici sont quelques idées dont on ne pourra pas faire l’économie sous peine de rester cloitré dans une politique des petits pas ou de greenwashing.

 

Le plus bel exemple de greenwashing du moment : https://www.cipra.org/fr/nouveautes/oh-44

Ce genre de discours ne fera pas illusion bien longtemps, ni auprès de la clientèle, ni auprès des salariés qui ont perdus le sens de leur travail et qui commencent à avoir honte d’être employés par les parcs d’attraction des montagnes.

Et c’est d’ailleurs une chance à saisir pour sortir de cette « dissonance cognitive » tant pour les salariés que pour la clientèle. L’humain est fortement impacté psychologiquement par le fait d’agir à l’inverse de ses convictions, cette situation inconfortable doit être surmontée et nous avons une réelle occasion de le faire aujourd’hui.

 

Si on voulait résumer en une formule brève le chantier qui s’ouvre à nous : Réchauffons les lits, pas le climat !

 

Les premiers qui bougeront de manière sincère dans cette direction auront la chance de marquer les esprits comme pionniers de ce pas historique à franchir. C’est un risque à savoir prendre en temps de crise, le jeu en vaut la chandelle.

 

 

La prise de conscience de ces enjeux est exponentielle, il est temps de se mettre à l'action. Par chance certains élus changent de discours et de visions de l’avenir, les clients, les citoyens évoluent dans leurs attentes, les associations environnementales tendent la mains vers les stations, donc le terreau est mur pour faire un changement systémique tous ensemble.

Si les élus de Tarentaise y vont, nous voulons les aider à effectuer ce virage politique qui est nécessaire.

S'ils n'y vont pas, nous serons de plus en plus nombreux à le dénoncer et se mobiliser contre un développement qui est d’un autre temps.

 

 

Il y a quinze ans, alors en fin d’études d’ingénieur, je proposais à la station des Arcs d’intégrer les questions environnementales via l’ISO 14001 (dont on connaît les effets uniquement superficiels), et l’on m’avait gentiment éconduit.

Aujourd'hui on me dit que j’étais arrivé trop tôt sur ces questions. En réalité je ne l’étais pas, bien au contraire. Et force est de constater que le monde de l’industrie du ski aurait du bouger bien plus tôt sur la question du réchauffement climatique en particulier.

 

Il est grand temps de mettre en place une politique environnementale exemplaire sur notre territoire pour ne pas avoir encore une guerre de retard. Dans le cas contraire ce sera d’ailleurs, probablement, la dernière.

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La Grande Sassière, face Sud

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