enquête sur la pertinence des projets touristiques de grandes envergures
Temps de lecture estimé : 20-25 minutes
Après Les Arcs, c’est au tour de la Rosière (et de Tignes) d’avoir comme projet un nouveau Club Med. Environ 1000 lits supplémentaires, un investissement proche de la centaine de millions d’euros et 400 emplois promis par l’entreprise qui appartient depuis 2015 à Fosun International, un conglomérat Chinois.
En regardant d’un peu plus près le dossier énergétique du projet de la Rosière pendant l’enquête publique, j'ai réalisé que le complexe était loin d’être exemplaire en matière d’énergie et d’émissions de CO2. En effet les importants besoins en eau chaude sanitaire seront couverts par un système au fioul (le plus émetteur de CO2 après le charbon) et le chauffage sera électrique direct alors que la réglementation thermique actuelle devrait probablement l’en dissuader. Ces premières interrogations m’ont amenées à une réflexion plus globale sur la pertinence de la création de ce type d’équipement de façon générale et en particulier pour le territoire de Tarentaise Vanoise, ce sont les fruits de cette enquête qui seront exposés ici. Notons que ce qui suit est tout aussi vrai pour des projets de la même taille, portés par d'autres opérateurs : Pierre et Vacances, Maeva, ou pire, promoteur immobilier de résidences secondaires.
​
Je n’irai pas par quatre chemins, l’exercice relève de la diatribe et je risque de me faire quelques ennemis. Il me semble cependant important d’apporter des éléments chiffrés pour nourrir un débat qui doit avoir lieu aujourd’hui de manière généralisée sur notre territoire. Ceci aurait probablement dû être fait il y a 10 ou 20 ans, mais le dicton précise : le meilleur moment pour planter un arbre c’était il y a vingt ans, le deuxième meilleur moment, c’est maintenant.
Certaines voix émettent des doutes quant au bien-fondé de ce type de projets, d’autres pensent qu’il ne faut pas rater le coche de cette belle opportunité.
De mon coté je pense que nous sommes entrés dans une période de changements importants : bouleversement climatique et clientèle touristique qui évolue. La Tarentaise-Vanoise possède des infrastructures touristiques industrielles très importantes (les plus grosses du monde) et le risque existe de voir un déclin de nos ressources touristiques (déjà engagé a priori). J’appelle donc à un autre mode de développement permettant d’augmenter la résilience de notre territoire en lieu et place d’un surdéveloppement qui nous ferait tomber de plus haut, un peu plus tard. Nous avons encore aujourd’hui la capacité technique et financière d’amorcer une transition, il serait dommage de manquer cette occasion de maintenir un confort de vie acceptable pour les habitants de Tarentaise-Vanoise sur le long terme.
Après un petit retour sur notre histoire et le contexte local actuel, j’expliquerai les dernières connaissances que nous avons du réchauffement climatique, appliqué au cas de la Tarentaise-Vanoise. Etape suivante, je vais tenter d’analyser quels sont les avantages pour notre territoire de voir surgir ce type de complexe. J’étudierai ensuite les inconvénients que cela implique pour notre population et nos communes. Je vais également essayer de comprendre pourquoi le Club Med mène une politique aussi agressive dans les Alpes et enfin j’aborderai les questions d’avenir que nous devons nous poser pour les grandes orientations politiques de la Tarentaise-Vanoise avec quelques pistes de solutions à discuter.
-
Une brève histoire de la Tarentaise
L’histoire de la Tarentaise, d’une richesse insoupçonnée, s’étale sur plusieurs millénaires.
Les premières traces d’humains date du néolithique (6000-2000 Avant JC), c’est à cette époque que le climat post glaciaire perd de sa vigueur, la faune et la flore se modifient ce qui permet le développement du pastoralisme.
A l’Age de bronze moyen (1600-1350 Avant JC), les conditions climatiques redeviennent défavorables impliquant une désaffection de la Tarentaise, puis au bronze final, un retour aux conditions plus clémentes entrainent un regain de population comme l’atteste des tombes découvertes à St Jean de Belleville. La densité de population à plus de 1000m est alors importante entre 725 et 450 avant JC. Les squelettes découverts ne montrent aucune différence avec les habitants de la Savoie actuelle. C’est l’époque des fameuses pierres à cupules.
Vient ensuite la période des Ceutrons, ce peuple pré-celtique libre, alors que Rome occupait tout le pourtour de la méditerranée. Les druides sont les hommes de pouvoir, ce peuple vie dans de bonnes conditions grâce au pastoralisme, à la vente du sel (très précieux), et à l’exploitation des mines de métaux. La résistance à l’invasion Romaine tient jusqu’à la fin du 1er siècle avant JC. La légende d’Innec et Lucretia (véritables Roméo et Juliette) et la batille du verrou du Siaix se passe à cette époque.
Le territoire passe donc sous procuration impériale avec sa capitale Axima (Aime). La voie romaine, construite en - 45 avant JC, permet de nombreux échanges commerciaux, en plus du pastoralisme et de l’exploitation des mines. L’économie est florissante, et on exporte même du Vatusicum (jusqu’à Rome), fromage qui est un ancêtre du Beaufort.
Puis vient une courte période de cohabitation entre Romain et Burgondes (royaume de 443 à 534) qui laissera la place au développement du Christianisme.
L’archevêque règne alors sur la Tarentaise avec une grande liberté vis à vis de Rome pendant plusieurs siècles du moyen Age, souvent troublé par des invasions. En particulier au Xeme siècle et entre 970 et 1040, c’est l’Europe entière qui souffre de disette.
Après la disparition du dernier Rodolphien, la région semble abandonnée à elle même et peut dès lors s’affirmer comme étant la Savoie.
A partir du XI ème siècle c’est le grand essor féodal, les seigneuries comme les Briançons et les Montmayeur dominent la région.
Malgré les redevances aux seigneurs et la dime ecclésiastique, un renouveau économique et une poussé démographique s’installe durablement jusqu’au XIII eme siècle. Les populations de regroupent et s’organisent, on observe de plus en plus de demande de franchise et les petits gens gagnent progressivement en liberté.
Les confréries du St-Esprit (sorte de sécu de l’époque) se développent et sont le creuset de la solidarité montagnarde qui donneront naissance aux communes rurales, dans un style résolument démocratique. Leur apogée se situe au XV ème siècle.
La féodalité tente de barrer le chemin à ce progrès social et la peste bubonique met à mal tous ces efforts, avec une émigration importante au XIV ème siècle.
Reste qu’au XV ème siècle, l’essor économique est très bon et l’exploitation en commun des alpages devient la pierre angulaire de la vie locale tout en apportant une aisance à tous les membres de la société.
Accalmie de courte durée, le XVI ème siècle arrive : en 1536 la France envahit la Savoie malgré une forte résistance locale de plusieurs mois. En 1552 on tente encore une embuscade contre un capitaine Français, signe que les tarins s’obstinent. La guerre amène la disette et les épidémies peuvent alors frapper, les vagues de décès sont nombreuses jusqu’au milieu de XVII siècle (les pestes de 1536 et 1640, guerre avec Louis XIII en 1630).
C’est à cette époque que l’émigration (notamment saisonnière) est forte : exportation des productions locales par les pères et frères ainées. L’histoire du petit ramoneur nous vient de ces temps difficiles.
Cet argent frais a permis de renforcer la solidarité entre gens du pays, et une société nouvelle peut alors émerger de ces siècles aux nombreuses fatalités.
La municipalité prend son envol, avec la volonté ferme de gagner en liberté face à la féodalité et l’église qui conservaient tout de même une main mise sur certains bien communs. C’est en 1790 que toutes les communes ont enfin obtenu leur affranchissement.
En septembre 1792, les troupes républicaines issues de la révolution Française pénètrent en Savoie. Commence alors 13 années d’occupation militaire et de répression religieuse jusqu’à ce que Napoléon perde à Waterloo. Les Autrichiens occupent la Tarentaise puis Victor-Emmanuel 1er reprend ses droits sur la Savoie. La monarchie Sarde tiens le pouvoir jusqu’à l’annexion de la Savoie par la France en 1860, rare cas (si ce n’est pas le seul) d’une annexion réalisée sans bataille ni effusion de sang.
Les grandes révolution techniques et industrielle ont alors lieu : chemin de fer jusqu’à Bourg Saint Maurice en 1913, hydro-électricité avec les grands barrages. Cela permit alors l’implantation des industries de chimie et métallurgie et la modification de l’équilibre traditionnel. Les paysans n’ont plus à émigrer.
Puis les deux guerres mondiales passent par là, l’exode rural redevient fort dans les années 50. [1]
Vient alors l’essor du développement touristique. C’est l’époque du fameux plan neige dont le but est de permettre aux populations locales de trouver un moyen de subsistance supplémentaire pour pouvoir rester au pays et de donner l’accès au ski pour tous, à cette époque d’explosion du loisir populaire.
Il s’agit d’une activité très capitalistique, avec des ratios immobilisation/chiffre d’affaire presque comparables à ceux d’une industrie lourde.
Les principes de modernité de cette époque sous-tendent ce développement impressionnant.
Dans les années 1980-2000, les effets des chocs pétroliers se font sentir et le modèle vacille une première fois. Les taux de départ au ski commencent à stagner dès les années 1990 au même moment où la fiabilité en approvisionnement en neige commence à manquer. C’est le début de la course à l’armement pour la neige de culture.
Puis les années 2000, c’est la maturation du marché qui devient très concurrentiel. On essaie donc une différenciation : augmentation des domaines avec des super-liaisons, centre aqua-ludique, marketing qui joue sur l’image de marque. Ces recettes ont tellement bien été appliquées par tout le monde qu’il n’y a, en définitive, aucune différenciation. [2]
On constate que la Tarentaise a été un territoire plutôt favorisé au cours de son histoire, avec beaucoup de périodes d’aisance économique. Les périodes sombres, souvent accompagnées d’émigration, ont été pour la plupart causées par des guerres (doublées d’épidémies). Les derniers siècles ont vu la montée d’une solidarité montagnarde importante, permettant une gestion des biens communs de façon plutôt démocratique. Ceci a servi de pilier assurant une bonne qualité de vie à l’ensemble des membres de la communauté locale.
​
A quoi ressemble notre territoire à l’aube de la décennie 2020-2030 :
​
-
Après des années de développement intensif, le tissu économique de Tarentaise ressemble à une monoculture liée au ski.
-
Le territoire est le plus gros bassin d’industrie touristique hivernale au monde avec plus de 350 000 lits touristiques et 3 des plus grands domaines skiables de la planète.
-
Une situation qui dépasse le plein emploi sur le territoire : de la main d’œuvre saisonnière est embauchée en grande quantité.
-
Le réchauffement climatique est le principal danger pour les stations de sport d’hiver.
-
La jeune clientèle ne souhaite désormais plus de vacances standardisées, mais veut vivre des expériences uniques, bien loin des centres touristiques industrialisés.
-
Le nombre de journée skieur vendu a atteint un sommet et commence à décliner pour l’ensemble des pays ayant une industrie touristique lourde : France, Italie, Suisse, Autriche, USA :
2. Le réchauffement climatique pour les habitants des alpes.
S’il est un sujet proche du tabou en Tarentaise-Vanoise, c’est le réchauffement climatique. Il est là, visible et violent, sous nos yeux. Il est documenté scientifiquement depuis 4 décennies. Il est accrédité par les mesures de quantité de neige, de fonte des glaciers, de changement dans les régimes hydriques.
Pourtant, dans une sorte de déni et de foi scientiste, on continue de faire comme si tout allait bien se passer, que ce qui compte c’est le nombre de canons à neige qui nous sauveront du déluge… Amen.
Au delà des préjugés, que sait-on vraiment du réchauffement climatique. Je vais essayer de faire simple tout en étant factuel, en ne tombant pas dans le piège d’un alarmisme paralysant.
D’un point de vu mondial, le consensus scientifique est très grand pour affirmer que :
- Le changement climatique et la destruction de l’environnement sont d’ores et déjà responsables d’un nouvelle extinction massive de la biodiversité du même ordre que la dernière en date du crétacé (il y a 65 millions d’année) qui a mis fin aux dinosaures (entre autre). Nous sommes officiellement entré dans l’anthropocène, littéralement : l’ère de l’humain, en tant que force géologique. Ce simple fait devrait nous préoccuper un peu (plus ?).
- Des millions de personnes sont déjà en migration directement à cause de ces changements et les prévisions les plus prudentes parlent de centaines de millions pour les prochaines décennies. Pourtant on voit la grande difficulté pour l’Europe d’accueillir 1 ou 2 millions de personnes dès aujourd’hui.
- Les conditions même de la survie de l’humanité sont mises en péril, car le système alimentaire mondial est menacé.
Toutes ces données sont, entre autre, issues des rapports du GIEC [4] (Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, qui est la seule entité à étudier réellement le problème). La science nous invite donc gentiment à essayer d’agir pour ce qui semble être le plus gros défi que l’humanité ait connu jusqu’à présent.
Cela nous semble surement éloigné et abstrait, mais regardons de plus près ce que cela implique pour nous, petit peuple d’une belle région montagnarde d’Europe. Au risque de paraître indécent pour certains (vu les conséquences dramatiques pour d’autres populations du globe) j’affirme que le réchauffement climatique est le plus gros danger pour notre business-model. Est ce bien vrai ?
Soyons factuel, que nous dit la science :
- D’ici à 2050, les dés sont lancés (les émissions de Gaz à Effet de Serre, GES, sont déjà émises) et la tendance observée de réchauffement va se poursuivre continuellement.
- Après 2050, cela dépendra des politiques misent en place aujourd’hui (en non pas demain).
Un seul scenario est susceptible de stabiliser la montée de température au niveau qui sera atteint vers 2050 : arriver à une neutralité carbone dans 30 ans, et donc baisser nos émissions de 45% dans la prochaine décennie. [5] Cela relève de l’effort de guerre, c’est tout à fait réalisable si cet objectif est prioritaire dans nos décisions. Malheureusement les gouvernements ne prennent pas cette direction malgré les grands discours et les objectifs déjà fixés par les lois, notamment en France. Espérons que le changement arrive très rapidement.
Les autres scenarii d’émission de GES nous amènent tous à une augmentation encore plus importante des températures, et leurs conséquences sont graduellement plus dramatiques. Dans ces cas là, la question de sauver l’industrie du ski ne se posera même pas.
Donc d’ici 2050, c’est à dire dans 30 ans, ça va encore monter et après, si on est très volontaire à faire changer les choses, ça pourrait se stabiliser.
De combien la température va-t-elle monter ? On nous parle de 1,5°C, 2°C. Qu’est ce que ça veut dire, concrètement, pour la Tarentaise-Vanoise ?
Par exemple 1,5°C c’est la différence de climat entre Paris et Toulouse.
Les experts de Météo France nous indiquent que la température chez nous a déjà augmentée de 1,5°C environ car les Alpes sont plus sensibles au changement climatique. Ils nous disent aussi que l’enneigement dans nos stations pourrait être de moitié dans 30 ans, et le nombre de journée de couverture neigeuse baisser de 30 à 40 jours.
En réalité, c’est un exercice prospectif risqué et on ne peut pas vraiment avancer des chiffres certains.
Une chose est sûre, l’évolution qu’on a eu ces 30 dernières années va se prolonger au moins 30 années de plus. Et finalement les chiffres exacts n’ont pas une grande importance, ce qui compte c’est la tendance.
​
Une autre données est très importante : la variabilité du climat va augmenter. Cela veut dire qu’on va avoir certains hivers avec beaucoup de neige, d’autres bien plus secs ou doux. Et au court d’un même hiver des changements très importants.
On le voit bien depuis une petite dizaine d’années, il neige « plein pot », vient ensuite une période de pluie, de chaud ou de vent, puis de nouveau très froid et sec.
On dirait que le climat se dérègle : ce n’est pas qu’une impression.
Ces dernières années, il était possible de faire du ski de printemps en plein Janvier, et de faire de la poudreuse profonde deux jours plus tard au même endroit.
Au delà des relevés météo qui sont sans appel à cet égard, je vais vous raconter mon expérience personnelle. Cela ne relève pas de la méthode scientifique, mais je pense que c’est symptomatique de la situation que nous vivons :
Je suis né au début des années 80 à Bourg Saint Maurice. Des hivers de mon enfance, je garde des souvenirs pleins les poches (probablement exagérés je ne me fais pas d’illusions). Les sessions de déneigement régulières en famille devant la maison, avec parfois de la neige fraiche plus haute que moi. L’apprentissage de la glisse au téléski du pré St Jean (emplacement du Gymnase/lycée actuel, plein centre du village). Les igloos dans les champs, les sauts périlleux depuis les balcons des maisons dans des épaisseurs incroyables, la cour d’école blanche pendant plusieurs mois font partis de la magie de mon enfance.
Et puis vers la fin des années 90, j’ai commencé à voir pleuvoir des trombes d’eau juste après de belles chutes de neige, à cette altitude de 850m. Pour être honnête, j’en ai pleuré. On cassait mon jouet, pauvre petit bourgeois. Ce phénomène est devenu de plus en plus fréquent.
Dans les années 2000, lorsqu’il pleuvait à verse dans mon jardin, je me rassurais en me disant : au moins en haut ça pose, c’est toujours ça de pris…
Et puis fin des années 2000, les épisodes de pluie à plus de 2500m en plein hiver sont devenus de plus en plus fréquents. Le couvert neigeux dans le fond de vallée s’est restreint tant en épaisseur que dans la durée. La descente à ski jusqu’à Bourg, si on arrive à la faire une fois dans l’hiver on est content alors qu’on rentrait tout le temps à ski jusqu’au bas du Télésiège de Montrigon auparavant.
A Val d’Isère, 1850m d’altitude, on commence à voir la pluie tomber régulièrement dans le village en plein hiver depuis les années 2010. Phénomène nouveau pour les habitants, ils vivent ce que nous avons vécu 1000m plus bas une quinzaine d’année plus tôt.
Comment seront les hivers en 2050, qui peut savoir.
Mais si je prolonge ce qu’il vient de se passer les 30 dernière années, permettez moi d’être un peu pessimiste.
Mon père a connu l’avènement des stations, leur croissance fulgurante. Je suis née quand la première grande vague de constructions était passée, on a continué à « engraisser le mammouth » et on commence à voir le déclin se dessiner. Mon fils est né l’an passé, le business-model de l’industrie du tourisme lui permettra-t-il de vivre ici quand il aura 32 ans, en 2050 ? Si oui à quel prix ?
Pour mes futurs petits enfants, un retour à la paysannerie avec un complément touristique pourrait être une solution pour survivre. Si les conditions climatiques le permettent encore, ils gagneront en qualité de vie. Ils me poseront surement cette question : dit Pépé, pourquoi elle s’appelle l’aiguille des glaciers cette montagne ?
On entend souvent : "ce sont des cycles, ça va revenir." Ou encore : "on a déjà vu des hivers sans neige, c’est pas nouveau…"
A priori ce n’est pas une histoire de cycle, les cycles naturels du climat ont lieu sur des milliers d’années a minima, pas sur un demi siècle.
Les hivers sans neige, des débuts de saison difficiles, bien sur qu’il y en a eu, mais cela était dû au manque de précipitations, pas aux températures trop élevées.
En clair, on a déjà eu de nombreux hivers secs, mais pas d'hivers aussi doux que ceux de ces dernières décennies.
Et ça change beaucoup de choses. Notamment en ce qui concerne les enneigeurs.
Il est indéniable que les canons ont souvent aidé nos stations en début et fin de saison ces dernières années. On voit cependant qu’on commence à atteindre les limites de l’apport de cette technologie, après une trentaine d’années de bons et loyaux services. La faute aux températures trop hautes et à la variabilité qui augmente :
Il est déjà arrivé que l’on produise énormément de neige artificielle avant la saison, en épuisant une grande partie du stock d’eau disponible, puis de voir nos beaux tas de neige fondre en très peu de temps à cause d’un gros redoux, ou d’un coup de foehn.
On voit que les canons n’ont pas suffit pour permettre l’ouverture de plusieurs stations des Pyrénées cet hiver.
Le maire de la Clusaz à décidé d’allouer la moitié des réserves d’eau (deux cent quarante mille mètres cube) normalement destinée à la production de neige, pour l’eau potable de la population [6].
Ces situations ont toutes les chances de se reproduire de plus en plus à l’avenir, même pour les stations de haute altitude.
Il suffit d’aller faire un tour aux rencontres climat-météo-montagnes pour se rendre compte que cette grand-messe des vendeurs de canons à neige n’a pas vraiment pris la mesure de ce qu’il se passe. On nous serine que l’Autriche a un taux de couverture de neige artificiel qui ferait rougir la plus pudique des nones de la CDA …, rattrapons vite le retard ! Les bons apôtres de la neige artificielle se prennent pour les nouveaux paysans puisqu’ils la cultivent pour le bien de tous. Ils n’ont probablement pas beaucoup d’expérience "au cul des vaches" pour oser pareille comparaison, eux qui veulent nous faire croire que le high tech, la connexion en temps réel, le guidage satellite vont sauver nos Âmes et nous permettre de nous remplir les poches encore longtemps. Ils veulent simplement remplir les leurs, tant que c'est possible.
Les paroles les plus sensées que j’ai pu entendre lors de l’édition de 2018 sont celles du président de la CCI de Savoie, Monsieur Bruno Gastinne [7], qu’on ne taxera pas d’écolo : il a lancé un appel pour le climat en conjurant les acteurs économiques du tourisme hivernal d’agir de façon préventive contre le réchauffement climatique et plus seulement de façon curative avec les canons à neige. A-t-il été entendu ? On ne dirait pas pour le moment.
La réalité est qu’avec l’augmentation de la température et de la variabilité, il va être de plus en plus difficile et coûteux de produire de la neige artificielle. Tôt au tard, il nous faudra soit renoncer à la neige de culture, soit y ajouter des cristaux d’iodure d’argent et d’autres substances chimiques capables d’élever le point de congélation du liquide. Cette technique heureusement interdite aujourd’hui, se ferait au détriment de tout ce qui se trouve sur le même bassin versant, dont les sols et les nappes phréatiques seront définitivement impropres pour boire ou produire de la nourriture. Vivant avec ma famille sur le versant des Arcs, je souhaite que mes gosses puissent boire l’eau du robinet et manger les fruits et légumes de notre potager toute leur vie sans s’empoisonner !
Les canons à neige semblent être une vrai-fausse bonne solution sur le moyen terme, une sorte de béquille qui repousse l’inexorable de quelques années. Croire que les canons vont nous sauver nous emmène toujours plus loin dans l’incapacité de bifurquer vers une économie plus pérenne.
3. Alors quels sont les avantages d’un nouveau Club Med ?
​
3.1 L’emploi direct
On nous parle d’environ 400 emplois directs.
Une bonne partie seront des postes pour de la main d’œuvre « bon marché », précaire et peu qualifiée. Elle ne sera donc pas issue du bassin d’emploi local : les salaires sont trop bas, et le recrutement est souvent interne afin de proposer des CDI aux employés des clubs "été". Ces employés sont les petites mains du Club : cuisine, service, ménage,…
Quelques dizaines de postes de cadres seront à pourvoir également.
Je n’ai pas les chiffres exacts de la répartition pour ce type de structure, le Club Med pourrait nous les donner facilement.
Reste que finalement les emplois de cadre pour les locaux ne seront pas en grande quantité, les cadres sont souvent issus du recrutement interne du Club.
Le cas des moniteurs de ski est particulier, on peut les compter dans les emplois directs. Il y aura bien création de poste pour des moniteurs de ski (quelques dizaines). Mais je dois avouer que les dizaines de moniteurs de mon entourage proche n’ont jamais manqué de travail, ce sont bien des moniteurs extérieurs au territoire qu’il faudra faire venir.
​
3.2 Les retombées indirectes
Ne nous voilons pas la face, les chiffres avancés arrivent directement des commerciaux du groupe dont les arguments sont, bien entendu, acérés et flatteurs pour séduire les populations et surtout les élus locaux.
J’ai trouvé ceci : 400 emplois indirects. Retombées économiques pour Valmorel : 2,4 millions d’euros de CA.
Les emplois indirects sont plus difficiles à quantifier, gageons tout de même que l’estimation est ici à la hausse étant donné le fonctionnement intrinsèque d’un Club Med où tout est disponible sur place. On peut en revanche citer quelques « gagnants » : les pisteurs secouristes, les chauffeurs de taxi, les Accompagnateurs en Moyenne Montagne (AMM),…
Les Remontées mécaniques quant à elles, sont de loin, les principales bénéficiaires des retombées indirectes. Pour Les Arcs, environ 1,8 Millions d’euros de forfait de ski, soit 2,5% du CA des remontées. Il est clair que le Club Med est un gros client pour les RM. Mais le « cannibalisme » tempère à la baisse ces résultats : Le Club Med des Arcs prend des parts de marché à celui de Valmorel, Peisey-Vallandry ou de la Plagne et finalement la vente de forfaits supplémentaires n’est pas aussi grande, notamment pour la compagnie des Alpes qui exploite une majorité des stations du territoire.
Pour comparaison, on peut estimer le CA du Club Med des Arcs : 20 000 clients avec une moyenne à 2000 euros par personne la semaine : 40 Millions d’euros. On voit donc que par rapport à l’argent engrangé par le projet, les remontées qui sont les grandes gagnantes ne récupèrent qu’une petite partie du butin, environ 4-5% de ce qui est gagné par le Club.
Pour les autres acteurs de la station c’est encore pire :
Que représente 2,4M€ pour Valmorel (sachant que ce chiffre est probablement sur estimé) : entre 2 et 3% du chiffre d’affaire toutes activités confondues sur la station (forfait de ski inclus). Ce n’est pas rien, mais il ne faut pas se laisser impressionner par les millions d’euros brandit par les commerciaux, l’impact réel n’est pas si spectaculaire. On nous parle de « sauvetage » de la station, l’analyse des chiffres donne une autre vision des choses( voir ci dessous.)
Pour la Rosière, les ordres de grandeur seront sensiblement les mêmes.
CA des remontées de Valmorel en baisse malgré le nouveau paquebot
Le Club Med indique privilégier les fournitures en local. Comme pour les emplois locaux, ceci relève plus d’un vœu pieux que d’une réalité tangible.
Si vous connaissez le fonctionnement interne du Club, la nourriture et les produits non alimentaires sont livrés directement depuis leur plateforme logistique de Lyon.
Même la grande distribution locale ne touche pas un centime.
Le Club Med nous fait rêver avec une histoire du petit boulanger du coin qui livre les croissants. Soit le petit boulanger est un vrai artisan et il ne peut pas subvenir à la demande du Club qui est d’un niveau industriel (2000 croissants livrés sur place chaque matin), soit le petit boulanger du coin est une grosse chaine industrielle qui a la capacité de faire face et dans ce cas les retombées locales sont bien moins intéressantes.
3.3 Augmentation de la fréquentation estivale.
Je vois le PDG du Club Med tout sourire nous annoncer : « Nous voulons que la montagne redevienne une destination naturelle en été ».
Il sait par ailleurs que les élus locaux tentent depuis plusieurs décennies de faire venir tant bien que mal les touristes dans les stations l’été, avec des résultats parfois médiocre, souvent mauvais. Il avance donc cet argument supplémentaire pour mieux faire passer la pilule, si je peux me permettre.
Notez au passage la belle rhétorique, il arrive à nous placer « naturelle » dans son slogan, on croirait une étiquette de shampoing biologique, parce que vous le valez bien.
Mais au fait, qu’est ce qui fait rêver les gens avec la montagne en été ? Un énorme complexe industriel avec piscine, sauna ou le petit chalet en pierre ou en fuste d’Heidi ? Un village typique qui a gardé son authenticité ou un site touristique semi-fantôme car surdimensionné pour les besoins du tourisme estival ?
Club Med ou petit village traditionnel, choisissez votre destination montagne
Enfin, nous le savons nos infrastructures sont déjà largement surdimensionnées pour l’été qui représente en moyenne 5% du CA des stations et moins d’un exploitant sur 2 couvre ses frais de fonctionnement en été.
4. De l’autre côté, quels sont les inconvénients d’un nouvel équipement touristique industriel ?
4.1 Augmentation du pic de fréquentation hivernal, saturation des réseaux.
Tout le monde le sait, il vaut mieux éviter de prendre la route les samedis en hiver et la situation est catastrophique en période de vacances scolaire.
Au-delà de la perte de temps pour tout le monde c’est la qualité de l’air qui en pâtie grandement. La vallée de l’Arve n’est pas la seule à être extrêmement polluée les journées anticycloniques à fort trafic (malgré ce qu'annoncent les chiffres de l'ATMO qui sont une extrapolation puisqu'il n'y pas de pas de capteur de mesure de qualité de l'air après Aigueblanche) . Ceci est une question de santé publique très peu abordée par les élus locaux.
La situation se voit également avec le réseau de téléphone, n’avez vous pas remarqué la saturation pendant la semaine du nouvel an ? A part mes proches que je vois pester sur leur mobile en cette période, cela n’a pas grande importance. Mais qu’en est-il des autres réseaux : les eaux usés par exemple, savez-vous ce qu’il se passe ?
Pas question de tenter une descente en raft de l’Isère à cette époque, vous risqueriez d’attraper (en plus d’un gros rhume) plusieurs maladies au nom imprononçable et peu glorieuses. Certes nos stations d’épuration semblent être dans les clous si on lisse les rejets directs sur l’année mais en hiver, la pollution de l’eau engendrée par cette sur-fréquentation du territoire est inadmissible.
L’eau potable, on en parle ? Le territoire est d’ores et déjà soumis à un fort stress hydrique, et même un déficit annuel plutôt inquiétant. Sans rentrer dans le détail ici, vouloir augmenter la fréquentation touristique, avec des usages de l’eau souvent excessifs par la montée en gamme des infrastructures (wellness, centre aqualudique, piscine à vague) semble être une option plutôt néfaste concernant ce domaine. Choisir entre faire plaisir à Kelly Slater lorsqu’il vient à Courch’ ou Tignes ou pouvoir boire de l’eau potable toute l’année, j’espère que la raison triomphera !
J’ai déjà évoqué rapidement la question de la consommation d’eau des canons à neige, notamment avec l’exemple de la commune de la Clusaz.
On le sait, on le sent, les pics provoquent un stress général chez les touristes comme chez les locaux : embouteillages, attentes interminables pour les locations, forfaits, dans les commerces. Densité de skieurs trop importante avec les accidents qui augmentent en conséquence (donc les urgences aussi sont saturées). Ceci est difficilement quantifiable pour un économiste ou un commercial, je mettrais cela dans la catégorie « baisse de la qualité de vie » dont je parlerai un peu plus loin.
Cependant, au-delà de ce « stress généralisé », ces pics de fréquentation et l’augmentation des infrastructures ont un impact financier direct. En effet, les réseaux bien que sous dimensionnés pour les pics, sont surdimensionnés le reste du temps. Et cela à un coût important qui est supporté par la communauté Tarine notamment, via les impôts locaux : réseaux plus long et plus gros pour les routes, l’électricité, l’eau potable, les eaux usées. Déneigement plus important, ordures ménagères qui augmentent significativement puisque ce type de structure génère un gaspillage important, notamment alimentaire. On peut estimer à 10% l’accroissement des ordures ménagères par exemple.
4.2 Augmentation de la vulnérabilité du tissu économique
On le sait notre force principale est également notre grande faiblesse : la monoculture touristique. [8]
On nous en parle depuis plusieurs décennies, la résilience de notre économie est très mauvaise. Même si pour le moment les bons résultats financiers sont là chaque année que se passe-t-il si par exemple, un début de saison très chaud empêche l’ouverture des stations pour la semaine du nouvel an (ce qu’il vient de se passer dans les Pyrénées cet hiver). Même avec nos fameux canons, ce scenario est tout à faible plausible dès demain. La semaine du nouvel an représente environ 10% du chiffre d’affaire de la saison des remontées. Sachant que la majorité des sociétés de RM de notre territoire appartiennent à la Compagnie Des Alpes (CDA), l’impact d’un tel début de saison ferait mettre un genou à terre de notre TBTF (too big too fail). Trois saisons d’affilés de ce type et je vous laisse imaginer quelles pourraient être les solutions drastiques engagées par la CDA.
Pessimiste diront certains, ce scenario est là pour mettre en lumière ce que tout le monde sait mais n’ose pas avouer : il est possible que ça commence à coincer dans les années venir. Qui plus est, sur le long terme il est probable que ce soit ce qu’il va se passer ; et ce long terme n’est qu’à quelques décennies de nous.
Poursuivre la fuite en avant nous engage toujours plus loin vers une position où il sera difficile de changer de cap. Cela nuit à notre capacité à mettre en œuvre une transition permettant d’augmenter la résilience de notre économie.
4.3 Destruction de l’environnement et des paysages.
Tout d’abord, rendre une zone naturelle de plusieurs hectares constructible n’est pas anodin. Ceci peut passer pour de l’écologie des « petites fleurs », qui est souvent discrédité face à l’argument économique, cependant la réalité des chiffres est là : Deux millions d’hectares de terres agricoles ont été perdus entre 1980 et 2010, ce qui représente la superficie cumulée des Landes et de la Gironde. Les sols artificialisés continuent depuis de s’étendre, avec 490.000 hectares perdus entre 2006 et 2014. Après un pic entre 2006 et 2008, leur progression se stabilise autour de 55.000 hectares par an depuis 2008. A ce rythme, c’est la surface d’un département tous les 10 ans qui est perdue. Les terrains artificialisés constituent désormais 9,3 % du territoire métropolitain, selon les données officielles.
L’artificialisation des sols induit également une augmentation des risques d’inondations en aval. En effet cela en réduit la capacité des sols à absorber les pluies torrentielles, lors des épisodes de gros orages.
Participer ou non à amplifier ces phénomène devrait nous amener à avoir une vision politique différente de l’avenir.
Autre impact environnemental direct, et pas des moindres : la construction de ce genre de complexe. Les chantiers de cette ampleur sont réalisés par des très grosses entreprises du bâtiment qui sont par essence peu scrupuleuses concernant la protection de l’environnement. De fait, il est quasi systématique qu’elles ne respectent même pas les normes environnementales de base en vigueur en France. Celles ci sont vues comme trop contraignantes par les entreprises, et pas du tout assez contraignantes par les scientifiques en charge de limiter un peu notre impact sur la nature.
Dans les faits, l’exemple le plus courant est celui d’enterrer les déchets sur place, souvent dans les remblais et autre terrassement.
Les conséquences sont plus importantes qu’on ne l’imagine, les nappes phréatiques se retrouvent polluées pour de nombreuses décennies, et devinez qui boit l’eau qui en provient ?
La destruction du paysage est une autre conséquence de la création de ce type d’équipement. Il est clair que la notion de beau reste subjective, il vrai aussi que la philosophie nous invite à voir le beau dans chaque chose. Je ne peux cependant me défaire de l’idée que le Club Med des Arcs est laid (je manque probablement de philosophie). Il est laid comme beaucoup d’autres constructions en Tarentaise : qui soutiendra que Tignes est une réussite architecturale, Les Menuires une odes à la beauté de la nature, le paquebot d’Aime 2000 le résultat d’un subtile équilibre entre l’humain et son environnement ?
Petit Quizz ayant fait le Buzz localement sur les réseaux sociaux
La logique des grands ensembles des années 70 a servi de modèle à la construction de nos stations (dites de 3ème génération). Aujourd’hui, même dans les pôles urbains on reconnaît que c’était une erreur, alors dans nos montagnes, admettons que nous avons tout bonnement saccagé les paysages. D’autres modèles de développement auraient probablement été souhaitables, ici n’est pas l’endroit pour faire le procès du passé mais parler d’avenir.
Pour le cas des Arcs, outre la défiguration du site avec cet énorme paquebot, un projet de « piste de retour » pour les clients par la forêt de Malgovert semble être dans les têtes de certains décideurs. C’est un des derniers sites naturels magnifique de la station qui risque d’être détruit, avec des arolles centenaires majestueux, dont un serait millénaire. Cela va sans dire que si ce projet se précise, une levée de bouclier devrait émaner de la résistance locale.
Concernant la Rosière, c’est un bâtiment de plus de 20m de haut (26m initialement prévus) et d’environ 50000m2 qui devrait voir le jour, alors que la Rosière avait réussi à ne pas trop exagérer sur la taille de son tissu bâti.
La question se pose sous cet angle : même si l’urbanisation des stations a souvent été une catastrophe pour le paysage, doit-on continuer à amplifier le phénomène ?
La question du beau, dont certains riront, est pourtant centrale dans les lieux touristiques. Notamment pour le tourisme estival.
Les anthropologues s’accordent à dire que la beauté est née avec l’humanité, c’est une des rares caractéristiques qui nous sépare des animaux. Perdre le beau c’est finalement perdre notre humanité.
Au delà des questions d’anthropologie et de philosophie, il est clair qu’enlaidir encore la montagne n’est certainement pas la bonne solution pour donner envie aux visiteurs de venir. Je visite régulièrement d’autres régions des Alpes et suis toujours comblé de voir tant de beauté préservée à quelques dizaines de kilomètre de la Tarentaise.
Le Beaufortain et le Val d’Aoste, nos proches voisins devraient nous inspirer grandement au lieu de nous focaliser sur des indicateurs économiques tel que le nombre de journée-skieur qui ne reflète qu’une infime partie de ce qui se joue ici.
4.4 Baisse de la qualité de vie
Un autre désagrément que l’on peut évoquer est la baisse de la qualité de vie sur notre territoire. Cela passe inaperçu pour la plupart de nos proches car cela c’est fait progressivement et pourtant ses effets sont importants : stress induit par les pics de fréquentation, les diverses pollution (air, eau,…) engendrées, le pouvoir d’achat qui diminue, tout ceci contribue à une baisse importante de la qualité de vie depuis un peu plus de 30 ans en Tarentaise.
Certes nous avons construit et développer des infrastructures de plus en plus gigantesques, qui génèrent au global de plus en plus de profit. Cependant la qualité de vie était meilleure dans les années 80. Une famille avec un salaire médian pouvait se payer une maison ou un bel appartement dans le village se sont choix, l’air n’était pas pollué, les paysage était déjà abimé mais bien moins que maintenant (pensons à la zone commerciale désolante de la sortie de Bourg Saint Maurice,…)
Je n’approfondirais qu’un seul aspect : la baisse du pouvoir d’achat (pour prendre un mot à la mode). Cette baisse est très marquée à cause de la pression foncière qui règne sur le territoire. Le ticket d’entrée pour acheter ou faire construire une maison sur la commune de Bourg Saint Maurice est d’au moins 400'000 euros. Autant vous dire que si vous n’avez pas un (ou deux) gros salaire(s), ou un bien immobilier de famille, vous serez locataires le restant de vos jours. Tout le monde n’aspire par forcement à être propriétaire (ni même habiter une maison), mais en étant locataire, si vous n’avez pas une place à l’OPAC, les loyers étant très élevés dans la région, votre pouvoir d’achat est également amputé d’un beau montant. Cette tension accru sur le marché de l’immobilier n’est pas due uniquement au surdéveloppement touristique du territoire, mais c’est une des causes principales.
Les conséquences sont que les jeunes couples désirant s’installer, se déplacent vers le bas des vallées où les prix sont un peu plus accessibles. Cela augmente encore la circulation automobile avec des trajets pendulaires de plus en plus nombreux et surtout, cela diminue la vitalité sociale des zones les plus attractives. Moins d’habitants à l’année, des commerces qui tournent de moins en moins en morte saison, parfois jusqu'au moment où l'on ferme des classes.
Effectifs scolarisés commune de Bourg Saint Maurice
Rappelons-nous quand même que, pour les populations locales de la Tarentaise-Vanoise, le développement touristique était conçu comme un moyen de pouvoir faire rester les enfants au pays en leur donnant du travail, à une époque où certains membre de la famille devait s’exiler faute de moyen de subsistance sur place.
En quelques décennies le pari a été réussi, et quelques décennies plus tard, le serpent se mord la queue, les enfants du pays doivent partir faute de pouvoir se loger (Val d’Isère, ou Courchevel sont les exemples types, Bourg Saint Maurice est en train de suivre la même tendance).
Cela ressemble à un échec de politique locale cuisant.
​
​
​
4.5 Augmentation de l’impact carbone
​
Le point de départ de toute cette réflexion était que le projet actuel du Club Med de la Rosière est ce qu’il se fait de pire en terme d’émission de CO2 pour les besoins d’eau chaude sanitaire (au fioul), qui sont, rappelons-le, colossaux pour ce type d’équipement.
Un rapide calcul met en évidence environ 800 Tonnes de CO2 rejetés annuellement uniquement pour ce besoin du complexe.
Le Club Med souhaitant bien entendu avoir un retour sur investissement le plus rapide possible, il a évacué d’office les solutions renouvelables alors que celles-ci seraient tout à fait pertinentes pour ce type de projet (en particulier le solaire thermique).
J’imagine que si ces remarques sont entendus, le Club Med orientera peut être son projet vers quelque chose d’un peu moins impactant, mais cela se fera probablement sous l’égide d’un greenwashing bien orchestré, n’en doutons pas.
Il est une autre source d’émission de CO2, souvent ignorée par nos stations de ski : le transport des clients. On sait maintenant depuis une quinzaine d’année que pour une station, le transport pour arriver à destination, est responsable d’environ 80% de l’impact carbone du site ! Les sociétés de remontée, et les élus locaux appliquent la politique de l’autruche à ce propos et bottent en touche en expliquant que ce n’est pas vraiment dans leur périmètre d’action. C’est en parti vrai, on peut rejeter la faute sur notre bon vieux bouc émissaire : l’état français, tout autant inactif. Mais c’est également faux, la Tarentaise pourrait depuis longtemps permettre un report modal conséquent de ces clients, en répartissant pour moitié les départ/arrivée les samedis et dimanches en couplant cela avec des avantages et facilité pour les trajets effectués en train. Sans rentrer dans les détails, cela n’a que peu été appliqué. Dommage puisque cela aurait également diminué grandement certains pics dont nous parlions plus haut, mais ce n’est pas la question aujourd’hui.
Revenons à nos tridents : avec la montée en gamme des clubs, la clientèle cible n’est plus le bon français cadre supérieur, mais le très riche étranger. Le but du Club Med est donc de faire venir en masse Chinois, Brésiliens, Turques et consorts. Il est bien connu que les Chinois se déplacent à vélo et les Brésiliens adorent les caravelles pour traverser l’atlantique...
Petit calcul de coin de table : 1000 lits, 20 semaines complètes (c’est ce qu’affiche le club des Arcs cet hiver) donc 20000 clients. Quelles émissions de CO2 pour nos Gentils Membres :
-
Istanbul>lyon AR classe éco 1T
-
Istanbul>lyon AR 1ere classe 2T
-
Rio>lyon AR classe éco 4T
-
Pékin>lyon AR 1er classe 8T
Je vais être gentil avec nos GM, prenons une moyenne de 2T CO2 par client (il y aura bien quelques Français dans le lot)
On a donc un bas de fourchette de l’ordre de 40’000 Tonnes de CO2/ an pour notre joli complexe.
Ça ne vous parle pas ? C’est normal, les tonnes de CO2 ne sont pas très concrètes. J’exhume le plan climat énergie Tarentaise-Vanoise (voir plus bas), le bilan carbone du territoire nous donne un total de 2500 Kilo.Tonne CO2.
Pour nos GM c’est bien 40 Kilo.tonnes CO2 soit 1,6 % du total du territoire. Si on ne fait venir que des Pékinois en première classe on titille les 7% des émissions du territoire avec un seul projet. C’est co-lo-ssal, sachant que l’objectif est de diviser par 2 les émissions de CO2 dans la décennie qui vient et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 30 ans…
Avec 5 nouveaux club sur le territoire en moins de 10 ans, on peut facilement avoir une augmentation de 30% de notre impact CO2.
Seulement 15% des touristes viennent pour le moment en avion, et leur impact carbone représente déjà 30% de celui du territoire.
Vu sous cet angle, dérouler le tapis rouge au Club Med dans nos stations revient littéralement à couper la branche sur laquelle nous sommes assis en participant de façon proactive à l’augmentation du réchauffement climatique.
Il semble donc urgent de revoir nos stratégies commerciales sur le long terme ainsi que nos politiques locales de déplacement.
Nous avons donc fait le tour de quelques menus désagréments engendrés par le surdéveloppement touristique.
5. Mais pourquoi le Club Med est-il si agressif dans son plan d’investissement alpin : construction d’un nouveau club par an ?
Regardons de plus près cette entreprise :
- son histoire récente est digne d’un roman économique rocambolesque : OPA, attaque en bourse, relation mauvaise entre direction et investisseur.
- ses résultats financiers sont plutôt mitigés (c’est un euphémisme) : l’entreprise affiche bien plus d’année dans le rouge que de bons résultats depuis plus de 25 ans.
- le club appartient à un grand groupe étranger (le plus grand conglomérat privé de Chine). On connaît les qualités philanthropes de ce type de structure. [10]
Tous ces facteurs poussent l’entreprise à avoir une politique de rentabilité immédiate et une vision à très court terme : le temps de retour d’un tel projet est de moins de 10 ans (j’ai entendu le chiffre de 7 ans), ce qui limite grandement la prise de risque sur un horizon plus large.
Le Club vient investir dans notre région car tout est en place : remontées mécaniques, autoroute d’accès, aménagements touristiques, réputation des lieux. Ils profitent donc de tout ce travail réalisé avant eux, et ne paye pas un centime, ni pour ces acquis, ni pour les externalités (les dommages collatéraux) qui sont finalement très couteuses pour les populations locales.
Il faut noter également que le Club Med parle de façon extrêmement décomplexé de la fermeture de ses sites (Chamonix est le dernier exemple en date). L’entreprise a fermé 50 sites depuis l’an 2000, on est dans une logique du consommable : on construit, on amorti, on ferme.
La rénovation des complexes n’est pas envisagée, les conséquences locales de cette politique ne concernent de toute façon pas les têtes pensantes à la Giscard d’Estaing.
Petite parenthèse : on a vu que le Club Med appartient à Fosun International. Regardons l’actualité récente de ce groupe :
-
Le consortium Chinois a voulu rentrer au capital de la Compagnie Des Alpes pour en devenir actionnaire (à hauteur de 10-15%). Face à la levée de bouclier des élus régionaux, cette prise de pouvoir n’a pas été réalisée pour le moment.
-
En décembre dernier, un partenariat industriel a été signé par les deux entités portant en particulier sur la création d’un ski dôme (vers Shangai).
On se dirige donc vers une situation où les remontées mécaniques et le Club Med seront dirigés par le même groupe. La stratégie du Chinois apparaît plus clairement ici, en étant client et fournisseur dans nos stations, la boucle est très lucrative et ses mains deviennent plus libres.
La direction de la CDA est favorable à cette prise de participation Asiatique. Cela lui permettrait d’avoir un allié de poids dans son développement coté soleil Levant, seule perspective de croissance pour l’entreprise. En effet, l’Asie est le futur marché du ski, notamment grâce aux prochains JO de 2022, le marché Européen étant maintenant mature, voir en déclin.
L’avenir des populations de Tarentaise-Vanoise est donc le cadet de leur souci. Qui leur en voudrait, la CDA et Fosun International sont des entreprises cotées en bourse, ce sont des outils qui ne servent tout simplement pas à cela.
Concernant les investissements massifs dans les stations de ski en général : soyons réaliste, plus personne ne doute que l’or blanc verra sa rentabilité fondre inexorablement comme neige au soleil dans les prochaines décennies à cause de réchauffement climatique.
S’ajoute à cela une prise de conscience croissante de cette fuite en avant par les populations locales qui sont de plus en plus nombreuses à se lever contre ces projets et parfois à les faire avorter : Le Warscheneck est épargné en Autriche, la rivière Eisenbreche en Bavière également, une liaison en pont routier annulée au Liechtenstein, Balmexperience en Italie,…
Les investisseurs le savent, c’est le moment où jamais de prendre les derniers gros fruits de l’or blanc.
6. Que faire dans ce contexte si particulier : libérons l’avenir !
Tout le monde en Tarentaise travaille de près ou de loin grâce au tourisme et l’idée n’est pas d’être contre cette économie qui a des retombés financières locales importantes, bien au contraire.
Le but de cette réflexion est de permettre à nos enfants de rester au pays en ayant de quoi vivre dignement, chose qui est loin d’être acquise à l’heure actuelle.
Nous sommes un navire très chargé qui entre dans une tempête. Il nous faut garder de la manoeuvrabilité et nous diriger vers une zone où les effets de ce mauvais grain seront moins importants. Accélérer vers le cœur du cyclone en augmentant encore notre chargement relève de l’erreur stratégique.
Continuer le surdéveloppement touristique pour gagner quelques dizaines d’emplois à court terme (et enrichir des grands groupes plus ou moins scrupuleux) et grever notre capacité à faire face aux grands changements qui s’annoncent ne semble pas être la meilleure des solutions.
Certains voient la création d’un nouveau Club Med sur une commune comme étant une victoire électorale, c’est une victoire à court terme. C’est voir l’argent facile, maintenant, tout de suite. Cela illustre bien la myopie des systèmes représentatifs actuels. C’est en réalité un échec politique sur le long terme, qui sera mis en évidence dans quelques décennies.
Nous devons au contraire relever la tête et regarder à une échelle de temps un petit peu différente que celle qu’on nous impose en permanence. Il nous faut amorcer un virage permettant d’augmenter la résilience de notre économie et libérer l’avenir :
- Nous devons nous extraire du carcan des politiques commerciales des gros investisseurs tout en continuant à avancer avec eux.
- Nous devons arrêter de croire que la seule solution est la fuite en avant. Choisissons la qualité plutôt que la quantité.
- Nous devons réintroduire de la démocratie dans nos modes de gouvernance, et je pense qu’il serait salutaire de mener des réflexions qui dépassent les frontières de nos communes. L’échelle du territoire Tarentaise-Vanoise semble pertinente.
Il semblerait justifié de ne pas augmenter significativement les capacités d’accueil de la Tarentaise. Les grands projets type paquebot n’ont plus leur place ici.
A la place, il faudrait rénover le parc bâtit existant qui en a grandement besoin, et remettre des lits « froids » dans le circuit.
Des solutions innovantes existent sur ces deux derniers points, tant au niveau de la pédagogie, de la politique publique commune que de la fiscalité (positive notamment).
En parallèle il faudrait développer des stratégies d’emplois vers un tourisme moins blanc et probablement plus doux, c’est à dire en sortant de la logique industrielle actuelle. Les recettes du passé ne feront pas les emplois de demain.
Par exemple, la densification du maillage des hébergements type refuge ou habitat léger permettrait une véritable interconnexion entre les zones surexploitées et les zones naturelles ou le parc. Cela permettrait une création d’emploi locaux à haute valeur ajoutée pour les gardiens, les moniteurs (ski ou vtt), les guides et les AMM. Les expériences vécues par les touristes seraient nettement plus authentiques avec des circuits de balades moins sportifs et plus courts que ceux existant et parfois rebutant.
Je pense qu’il est également très important de redynamiser des secteurs qui ne sont pas directement ou indirectement lié au tourisme. Tout ce qui est artisanat local, une agriculture avec plus de main d’œuvre, des circuits courts dans l’alimentation et les biens de première nécessité, mettre en place un pôle de formation pour les métiers du tourisme, de l’écologie,…
Les idées ne manques pas en réalité.
Enfin, il est nécessaire d’agir pour limiter notre impact sur climat. On l’a vu, l’objectif est de diviser par 2 nos émissions de CO2 sur le territoire. Lorsque qu’on regarde l’état des lieux de notre bilan carbone, on comprend très facilement que cela doit passer par des politiques innovantes et ambitieuses en matière de transport pour les locaux mais aussi les touristes.
De nombreuses solutions existent : création d’un fond pour le report modal sur territoire. Développement du transport par câble qui est le moins cher et le moins polluant. Partenariat fort avec la SNCF et modification des séjours avec les acteurs touristiques locaux. Mise en place de fiscalité incitative, augmentation de l’offre de transport en commun pour les villages des communes…
​
Contrairement à d’autres territoires, nous avons des moyens et des ressources importantes pour engager de vrais changements et montrer la voie, il serait dommage de s’en priver.
​
Nous lançons donc le "Pacte d'Avenir Citoyen de Tarentaise", PACT, qui se décline en trois engagements complémentaires à l'échelle du territoire :
​​
1. Relancer la démocratie par l’organisation d’un cycle de deux ans de conférence/débat/table ronde avec la population locale, les élus et les acteurs économiques locaux sur les questions d’avenir.
L'idée est de faire ressortir les besoins réels de la population locale afin de guider nos choix politiques pour la décennie qui vient. Ces questions porteront sur les problématiques de l’emploi, des changements climatiques, de l’agriculture, du tourisme, du social, abordée avec une vision d’ensemble et non pas cloisonnée.
2. Mise en place d’un moratoire de deux ans sur tous les nouveaux projets de construction dépassant 10 Millions d’euros.
Attendons que la consultation des populations ait rendu ses conclusions. Les projets type Club Med font face à de nombreux contentieux en justice et perdent souvent plusieurs années. Si les locaux acceptent de façon démocratique ce type de projet, il y aura moins de levée de bouclier par la suite.
Sans ce moratoire, la fuite en avant sera accélérée grandement par la mise en place d'une consultation citoyenne. Cet engagement est donc indissociable du précédent.
3. Mise en place d’une politique concertée avec les communes du territoire visant l’atteinte de l’exemplarité environnementale, comportant notamment des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effet de serre.
Nous devons montrer la voie et être leader dans la lutte contre le réchauffement climatique qui met directement en péril notre économie. Nous sommes une des rare industrie directement impactée par la hausse des températures, il est indispensable que nous prenions les choses en main pour lancer la transition qui seule pourra assurer une continuité du tourisme hivernal.
​​
Nous proposons aux élus.es locaux et futurs candidats.es aux municipales de prendre position par rapport au PACT : êtes vous en accord ou en désaccord, quels sont vos commentaires ou arguments ?
​
Si vous êtes citoyen ou citoyenne, vous pouvez signer le PACT, pour donner plus de poids à ces engagements dans les débats lors des prochaines municipales ainsi que pour les grandes décisions qui seront prises pour le futur de notre territoire.
D’autres pistes que celle de l’argent facile à court terme que nous font miroiter le Club Med et consort existent. Elles sont plus ardues et esthétiques, les montagnards que nous sommes devraient les privilégier, les récompenses n’en seront que plus satisfaisantes.
La montagne est belle et inspirante, libérons son avenir !
​
​
Cette enquête a été réalisée par Fred Sansoz.
La Grande Sassière, face Sud (Photo B. Roumier)
Sources :
[1] Cette brève histoire de la Tarentaise en issue en grande partie du livre de Y. Brêche et L. Chavoutier, Une vieille vallée raconte ses souvenirs, Petite histoire de la Tarentaise, aux éditions Xavier Mappus.
[2] Anouk Bonnemain, Quelle capacité d’adaptation pour les stations de sports d’hiver de haute altitude des Alpes du Nord ? [en ligne]. Openedition.org [Consulté en Janvier 2019] https://journals.openedition.org/soe/1055
[3] Agence PopRock, Tout le monde dehors [en ligne]. poprock-agence.com [Consulté en Janvier 2019] http://www.poprock-agence.com/telechargez-lextrait-de-letude-monde/
[4] Rapport automne 2018 GIEC, en anglais [en ligne]. [Consulté en Janvier 2019] https://report.ipcc.ch/sr15/pdf/sr15_spm_final.pdf
[5] ibid.
[6] Article France bleu [en ligne]. francebleu.fr [Consulté en Janvier 2019] https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/face-a-la-secheresse-la-station-de-la-clusaz-fabriquera-moins-de-neige-de-culture-cet-hiver-pour-1542126595
[7] Compte rendu des conférences [en ligne]. www.rencontres-meteo-montagne.com [Consulté en Janvier 2019] http://www.rencontres-meteo-montagne.com/upload/tinymce/pdf/Compte-rendu-conferences-RCMM-2018.pdf
[8] Anouk Bonnemain, Quelle capacité d’adaptation pour les stations de sports d’hiver de haute altitude des Alpes du Nord ? [en ligne]. Openedition.org [Consulté en Janvier 2019] https://journals.openedition.org/soe/1055
[10]Page wikipédia Club Med [en ligne]. fr.wikipedia.org [Consulté en Janvier 2019] https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_M%C3%A9diterran%C3%A9e