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5. Mais pourquoi le Club Med est-il si agressif dans son plan d’investissement alpin : construction d’un nouveau club par an ?

 

Regardons de plus près cette entreprise :

- son histoire récente est digne d’un roman économique rocambolesque : OPA, attaque en bourse, relation mauvaise entre direction et investisseur.

- ses résultats financiers sont plutôt mitigés (c’est un euphémisme) : l’entreprise affiche bien plus d’année dans le rouge que de bons résultats depuis plus de 25 ans.

-  le club appartient à un grand groupe étranger (le plus grand conglomérat privé de Chine). On connaît les qualités philanthropes de ce type de structure. [10]

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Tous ces facteurs poussent l’entreprise à avoir une politique de rentabilité immédiate et une vision à très court terme : le temps de retour d’un tel projet est de moins de 10 ans (j’ai entendu le chiffre de 7 ans), ce qui limite grandement la prise de risque sur un horizon plus large.

 

Le Club vient investir dans notre région car tout est en place : remontées mécaniques, autoroute d’accès, aménagements touristiques, réputation des lieux. Ils profitent donc de tout ce travail réalisé avant eux, et ne paye pas un centime, ni pour ces acquis, ni pour les externalités (les dommages collatéraux) qui sont finalement très couteuses pour les populations locales.

 

Il faut noter également que le Club Med parle de façon extrêmement décomplexé de la fermeture de ses sites (Chamonix est le dernier exemple en date). L’entreprise a fermé 50 sites depuis l’an 2000, on est dans une logique du consommable : on construit, on amorti, on ferme.

La rénovation des complexes n’est pas envisagée, les conséquences locales de cette politique ne concernent de toute façon pas les têtes pensantes à la Giscard d’Estaing.

 

Petite parenthèse : on a vu que le Club Med appartient à Fosun International. Regardons l’actualité récente de ce groupe :

  • Le consortium Chinois a voulu rentrer au capital de la Compagnie Des Alpes pour en devenir actionnaire (à hauteur de 10-15%). Face à la levée de bouclier des élus régionaux, cette prise de pouvoir n’a pas été réalisée pour le moment.

  • En décembre dernier, un partenariat industriel a été signé par les deux entités portant en particulier sur la création d’un ski dôme (vers Shangai).

 

On se dirige donc vers une situation où les remontées mécaniques et le Club Med seront dirigés par le même groupe. La stratégie du Chinois apparaît plus clairement ici, en étant client et fournisseur dans nos stations, la boucle est très lucrative et ses mains deviennent plus libres.

La direction de la CDA est favorable à cette prise de participation Asiatique. Cela lui permettrait d’avoir un allié de poids dans son développement coté soleil Levant, seule perspective de croissance pour l’entreprise. En effet,  l’Asie est le futur marché du ski, notamment grâce aux prochains JO de 2022, le marché Européen étant maintenant mature, voir en déclin.

L’avenir des populations de Tarentaise-Vanoise est donc le cadet de leur souci. Qui leur en voudrait, la CDA et Fosun International sont des entreprises cotées en bourse, ce sont des outils qui ne servent tout simplement pas à cela.

 

Concernant les investissements massifs dans les stations de ski en général : soyons réaliste, plus personne ne doute  que l’or blanc verra sa rentabilité fondre inexorablement comme neige au soleil dans les prochaines décennies à cause de réchauffement climatique.

 

S’ajoute à cela une prise de conscience croissante de cette fuite en avant par les populations locales qui sont de plus en plus nombreuses à se lever contre ces projets et parfois à les faire avorter : Le Warscheneck est épargné en Autriche,  la rivière Eisenbreche en Bavière également, une liaison en pont routier annulée au Liechtenstein, Balmexperience en Italie,…

 

Les investisseurs le savent, c’est le moment où jamais de prendre les derniers gros fruits de l’or blanc.

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La Grande Sassière, face Sud (Photo B. Roumier)

Sources :

 

[1] Cette brève histoire de la Tarentaise en issue en grande partie du livre de Y. Brêche et L. Chavoutier, Une vieille vallée raconte ses souvenirs, Petite histoire de la Tarentaise, aux éditions Xavier Mappus.

[2] Anouk Bonnemain, Quelle capacité d’adaptation pour les stations de sports d’hiver de haute altitude des Alpes du Nord ? [en ligne]. Openedition.org [Consulté en Janvier 2019] https://journals.openedition.org/soe/1055

[3] Agence PopRock, Tout le monde dehors [en ligne]. poprock-agence.com [Consulté en Janvier 2019]  http://www.poprock-agence.com/telechargez-lextrait-de-letude-monde/

[4] Rapport automne 2018 GIEC, en anglais [en ligne]. [Consulté en Janvier 2019] https://report.ipcc.ch/sr15/pdf/sr15_spm_final.pdf 

[5] ibid.

[6] Article France bleu [en ligne]. francebleu.fr [Consulté en Janvier 2019]   https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/face-a-la-secheresse-la-station-de-la-clusaz-fabriquera-moins-de-neige-de-culture-cet-hiver-pour-1542126595

[7] Compte rendu des conférences [en ligne]. www.rencontres-meteo-montagne.com [Consulté en Janvier 2019]  http://www.rencontres-meteo-montagne.com/upload/tinymce/pdf/Compte-rendu-conferences-RCMM-2018.pdf

[8] Anouk Bonnemain, Quelle capacité d’adaptation pour les stations de sports d’hiver de haute altitude des Alpes du Nord ? [en ligne]. Openedition.org [Consulté en Janvier 2019] https://journals.openedition.org/soe/1055

[10]Page wikipédia Club Med [en ligne]. fr.wikipedia.org [Consulté en Janvier 2019] https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_M%C3%A9diterran%C3%A9e

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